Francis Baillet – avocat et lobbyiste, interrogé dans le magazine Manager

Les organisations professionnelles ont besoin de lobbying


Avec une solide expérience des rouages de la justice, des institutions et de la politique – il a été l'avocat de deux premiers ministres – Maître Francis Baillet est un acteur incontournable pour les organisations professionnelles qui veulent être entendues des pouvoirs publics.

Manager : comment expliquez-vous la mauvaise image du lobbying en France ?

Francis Baillet : pour des raisons historiques. Chez les anglo-saxons les groupements d'intérêt sont reconnus et exercent un droit fondamental inscrit dans la constitution américaine. En France, c'est tout au contraire. La loi est l'expression de la volonté générale (art.6 de la Déclaration de Droits de l'Homme de 1789). En réaction à l'Ancien Régime, le système juridique français s'est construit contre les groupements d'intérêt. Ceci explique le retard considérable du lobbying en France, y compris à Bruxelles.

Manager : pourquoi le lobbying doit-il être mieux reconnu ?

Francis Baillet : les pouvoirs publics français « tolèrent » le lobbying. Qui peut aujourd'hui contester que certaines ONG, grosses entreprises, certains syndicats ont une influence sur la décision publique ? Personne. C'est pourquoi je considère que toutes les organisations qui représentent un secteur d'activité économique - même celles qui n'ont pas de permanents salariés - doivent pouvoir déléguer cette mission et faire du lobbying. Pour qu'une profession soit entendue, elle doit influencer les pouvoirs publics dans l'intérêt de ses membres mais aussi dans l'intérêt général. Le consommateur doit être pris en compte. Aucune chance d'être entendu, sans un Code de Déontologie tenant compte de l'équation « intérêt du Groupe / intérêt Général ». Ainsi, vont les « affaires publiques ».

Manager : c'est ce que vous proposez ?

Francis Baillet : précisément. La réputation, l'expérience, et le rayonnement sont essentiels. Je préside, par exemple, un think-thank dédié à la promotion des intérêts français). En outre, je « fréquente » l'Assemblée Nationale et le Sénat, je multiplie les rencontres informelles avec des parlementaires de tous bords politiques, le tout en veillant à ne pas être étiqueté « politiquement »... Je n'ai aucun effort à faire, je suis né un peu dans la politique...
C'est un travail de lobbying de longue haleine et ma fréquentation du monde politique à haut niveau depuis de longues années est un atout essentiel.

Manager : avez-vous un exemple d'une mission lobbying ?

Francis Baillet : Tout à fait. Je suis secrétaire général avec mandat de représentation d'intérêt et conseil politique de l'Union française des professionnels du traitement de l'eau (UAE) qui regroupe les acteurs du traitement de l'eau en bâtiment. Des professionnels passionnés et passionnants. En outre, puisque l'UAE n'a pas de permanents salariés, c'est mon cabinet qui gère le tout. Ceci a l'avantage d'encore mieux comprendre les enjeux d'une profession.